Les orages d'hier et d'aujourd'hui (19 et 20 mai) ont finalement apporté des précipitations. Cependant, la quantité est insuffisante pour éliminer les effets de la sécheresse de ces dernières semaines. Mais pourquoi a-t-il fait si sec ? Nous l'expliquons à l'aide de trois questions et réponses.
Deuxième printemps le plus sec à Uccle depuis le début des relevés ?
Les mois de printemps passés furent secs, même très secs. Avec 2,2 mm de précipitations, le mois de mars fut le mois de mars le plus sec depuis le début des observations à Uccle en 1833. Comme illustré sur la figure ci-dessous avec les précipitations journalières à Uccle depuis le 1er mars 2022, le mois d’avril fut un peu plus humide (37,4 mm) tandis que la majeure partie du mois de mai ne comporte quasi aucune précipitation (29,5 mm jusqu’au 19 mai inclus, dont pas moins de 28,5 mm tombés le 19 pendant un orage). De par ceci, le total des précipitations de ce printemps (du 1 mars au 19 mai inclus) à Uccle est de 69 mm, ce qui, jusqu’à présent, constitue le deuxième plus faible total de précipitations avec 1976, depuis le début des mesures, et bien en dessous de la valeur normale de 165,6 mm (pour la période 1991-2020). Même lors de la récente sécheresse du printemps 2020 (105,7 mm), il était tombé plus de précipitations à Uccle.
Tenant compte des orages attendus aujourd’hui et les prochains jours, le total de précipitations sera d’environ 80 mm, le printemps de 2022 finirait donc en cinquième place dans la liste des printemps les plus secs à Uccle.
En outre, le nombre annuel de jours avec moins d’1 mm de précipitations au printemps à Uccle depuis 1892, connaît une tendance à la hausse ces trente dernières années (voir figure ci-dessous). Le compte pour le printemps de 2022 (jusqu'au 18 mai 2022) s'établit actuellement à pas moins de 69 jours avec moins de 1 mm de précipitations à Uccle (contre un total de 79 jours depuis le 1er mars 2022).
Sécheresse extrême également ailleurs en Belgique
D'autres localités du pays sont également restées très sèches, surtout depuis début avril, à l'exception de quelques averses (voir la figure ci-dessous avec les précipitations cumulées).
Par rapport aux 30 dernières années (1991-2020), la Belgique connaît actuellement une situation extrêmement sèche en moyenne (en termes de quantité de précipitations). Comme on peut le voir sur la figure ci-dessous, la sécheresse actuelle est similaire à celle de l’année 1976.
L’indice de sécheresse à plus longue échelle (Standardized Precipitation Index pour une période de 3 mois, ou SPI-3) illustre aussi bien jusqu’à maintenant (20 mai 2022) que en tenant compte des prévisions jusqu’à la fin du mois, une situation extrêmement sèche dans une grande partie du pays.
Pourquoi si peu de précipitations ?
Ces longues périodes de temps sec et doux de ce printemps ont été déterminées par des systèmes anticycloniques qui se sont situés à plusieurs reprises au-dessus de nos régions. Certaines de ces zones anticycloniques formaient littéralement un "blocage" détournant les perturbations accompagnées d’averses. Cela a entraîné une pression plus élevée que d'habitude sur l'Europe occidentale et centrale au cours des derniers mois de printemps.
La combinaison de l'air très chaud d'une zone de haute pression sur l'Europe et de l'humidité des perturbations associées à une zone de basse pression sur la majeure partie de l'océan Atlantique nord a conduit au développement d'un certain nombre d'orages hier et aujourd'hui (20 mai 2022), avec des quantités de précipitations locales qui ont pu être très élevées. Cependant, ces précipitations éphémères et intenses sont insuffisantes pour éliminer le déficit pluviométrique.
Quel est le rôle du réchauffement climatique ?
La sécheresse est un phénomène complexe qui est déterminé par plusieurs paramètres. Outre la quantité de précipitations, l'évaporation (dépendant de la température et du vent), le ruissellement de surface, la gestion de l'eau, etc. jouent également un rôle important dans la sécheresse.
En général, on peut dire qu'en Europe et aussi en Belgique, le réchauffement climatique augmente le risque de sécheresse et l'aggrave également. Au cours des dernières décennies, nous avons en effet observé une tendance à la baisse des cumuls de précipitations pour le printemps (aussi bien pour Uccle que pour la Belgique).
Spécifiquement pour Uccle, cela représente une diminution d'environ 4% depuis 1961. Les sécheresses du printemps de ces dernières années (sauf le dernier printemps 2021) sont également en ligne avec ce que les modèles climatiques de notre région prévoient pour l'avenir : lorsque la température moyenne augmente, l'air plus chaud peut contenir plus de vapeur d'eau avant de devenir saturé, et il faudra plus de temps pour qu'il pleuve. Une fois qu'il pleut, l'intensité des précipitations peut être plus forte.
Sur notre site, vous pouvez trouver une mise à jour quotidienne de l'état actuel et prévu de la sécheresse (météorologique) dans notre pays.