La première vague de chaleur de 2020?
Il y a de fortes chances que nous connaissions cette semaine la première vague de chaleur de l'année dans notre pays. Un anticyclone se positionnera au sud de la Scandinavie et dirigera de l'air continental sec, stable et de plus en plus chaud vers l'Europe Occidentale. À partir d'aujourd'hui (mardi 23 juin 2020) et jusqu'au samedi 27 juin 2020, des températures maximales supérieures à 25 °C sont attendues dans notre pays, dont trois jours jusqu'à 30 °C, voire plus localement (du mercredi 24 juin 2020 au vendredi 26 juin 2020). La chaleur se fait surtout ressentir dans les villes. Il est donc important de trouver des moyens pour limiter l'impact de la chaleur au sein de celles-ci.
Les toits blancs et les arbres peuvent-ils améliorer le bien-être des citadins pendant les vagues de chaleur ?
Pour assurer le bien-être de la population urbaine, les villes se sont engagées à mettre en œuvre des mesures d'adaptation au climat. Mais quelle est la valeur ajoutée potentielle de telles mesures ? Les scientifiques de l'IRM ont effectué des recherches à ce sujet pour Bruxelles.
Les vagues de chaleur en ville
En raison du réchauffement climatique, les conditions météorologiques extrêmes, telles que les vagues de chaleur, devraient devenir plus fréquentes, plus longues et plus intenses. Au cours de l'été 2019, l'Europe a connu deux vagues de chaleur record. En Belgique par exemple, des températures élevées sans précédent de plus de 41°C ont été enregistrées pendant la vague de chaleur de fin juillet 2019. Dans les villes comme Bruxelles, ces températures extrêmes peuvent être encore renforcées de plusieurs degrés. En conséquence, les personnes vivant en milieu urbain sont exposées à des risques sanitaires plus importants, car les températures élevées la nuit empêchent les gens de se remettre de la chaleur oppressante de la journée.
Qu'est-ce que l'effet d'îlot de chaleur urbain ?
L'effet d'îlot de chaleur urbain (ou Urban Heat Island en anglais) est le phénomène par lequel la température moyenne dans les zones urbaines est plus élevée que dans les zones rurales environnantes. Quelles sont les raisons de cette différence de température ? Dans les zones urbaines, la chaleur solaire est absorbée par les matériaux de construction, et les bâtiments hauts et denses retiennent cette chaleur et limitent le refroidissement par la circulation du vent. En outre, les zones urbaines sont généralement densément peuplées et produisent de la chaleur, dûe aux transports et à la climatisation, par exemple. L'effet d'îlot de chaleur urbain est plus important la nuit, surtout par temps clair et sans vent. Pendant ces nuits, il peut faire jusqu'à 5 °C de plus dans des villes comme Bruxelles que dans les zones rurales voisines.
Blanc et vert
Pour prévenir ces effets du changement climatique dans les villes, quelque 10 000 conseils municipaux en Europe se sont engagés à élaborer des plans d'action concrets. Les climatologues de l'IRM ont donc évalué la valeur ajoutée de mesures simples à Bruxelles.
Les scientifiques ont utilisé un modèle climatique urbain pour étudier l'effet de deux mesures d'adaptation possibles sur le climat pendant l'été à Bruxelles : l'augmentation de la réflexion de la lumière du soleil en rendant les rues, les murs et les toits plus blancs, et en rendant la ville plus "verte". Les expériences sur modèles ont montré que le blanchiment des bâtiments, des toits ou des rues peut réduire l'effet d'îlot de chaleur urbain pendant la journée à 0,5°C à Bruxelles. Cependant, malgré cette réduction de la température, cette mesure ne garantit pas un meilleur confort thermique dans la ville étant donné l'augmentation du rayonnement solaire (réfléchi).
Un doublement de la surface avec végétation la nuit réduit l'effet d'îlot de chaleur de 0,5°C. En outre, les résultats montrent que les deux mesures d'adaptation jusqu'à la période 2041-2070 pourraient réduire le nombre de vagues de chaleur de 50%. Toutefois, d'ici la fin du siècle, la contribution des deux mesures d'adaptation pour prévenir les vagues de chaleur sera faible. En effet, pour le scénario climatique RCP 8.5, une augmentation de la température de 4°C est prévue pour Bruxelles d'ici la fin du siècle, ce qui compenserait les effets bénéfiques des mesures d'adaptation.
"Ces premiers résultats montrent clairement que la mise en œuvre de mesures d'adaptation par les autorités urbaines pourrait conduire à une réduction significative de l'effet d'îlot de chaleur urbain et des vagues de chaleur, ce qui à son tour réduit les impacts du changement climatique en améliorant le bien-être de la population urbaine", explique Bert Van Schaeybroeck, l'un des scientifiques qui a mené les recherches.
Article avec plus d'infos sur la recherche menée à Bruxelles