2006-2010
Bilans climatologiques de 2006 à 2010
Un second semestre très chaud
À Uccle, l’année 2006 fut particulièrement remarquable par le nombre de records de température qui furent battus, le plus spectaculaire étant celui de l'automne. La température moyenne annuelle atteint également un nouveau record. La durée d’ensoleillement a connu pour sa part des déficits record en février et en août (après un excès important en juillet), et le total des précipitations fut exceptionnellement élevé en août. Quelques valeurs caractéristiques de l’année 2006 sont données dans le tableau 1 et le tableau 2 précise le sens des degrés d’anormalité qui sont utilisés dans le tableau 1 et dans le texte.
Tableau 1. Valeurs pour l’année 2006 et valeurs normales pour différents paramètres météorologiques mesurés à Uccle. La colonne « Caractéristiques statistiques » donne le degré d’anormalité du paramètre en 2006, exprimé en périodes de retour moyennes (cf. définitions dans le tableau 2).
Paramètre | 2006 | Normales* | Caractéristiques statistiques |
---|---|---|---|
Pression moyenne de l'air (au niveau de la mer) (hPa) | 1017 | 1015,7 | n |
Vitesse moyenne du vent (m/s) | 3,3 | 3,7 | e |
Durée d'ensoleillement (h) | 1556 | 1554 | n |
Température moyenne (°C) | 11,4 | 9,7 | te |
Température maximale moyenne (°C) | 15,3 | 13,8 | te |
Température minimale moyenne (°C) | 7,7 | 6,7 | te |
Température maximale absolue (°C) | 36,2 | 31,7 | te |
Température minimale absolue (°C) | -7,2 | -8,9 | n |
Nombre de jours de gel (min < 0°C) | 60 | 46,8 | n |
Nombre de jours hivernaux (max < 0°C) | 2 | 7,8 | n |
Nombre de jours estivaux (max >= 25°C) | 45 | 24,6 | e |
Nombre de jours de forte chaleur (max >= 30°C) | 11 | 3,3 | ta |
Humidité relative moyenne de l'air (%) | 79,8 | 81 | n |
Total des précipitations (mm) | 835 | 804,8 | n |
Nombre de jours de précipitations mesurables (<= 0,1 mm) | 180 | 207,2 | a |
* Les normales et les caractéristiques statistiques sont calculées à partir des observations sur la période 1901-2000, sauf pour les températures extrêmes (maximales et minimales) et les paramètres dérivés de ces températures (valeurs absolues et nombre de jours) où la période de référence est 1968-2000 (début des mesures dans un abri fermé).
Tableau 2. Définition du degré d’anormalité d’un paramètre climatologique, exprimé en périodes de retour moyennes.
Code | Niveaux d'anormalité | Phénomène égalé ou dépassé en moyenne une fois tous les |
n | normal | - |
a | anormal | 6 ans |
ta | très anormal | 10 ans |
e | Exceptionnel | 30 ans |
te | très exceptionnel | 100 ans |
L'hiver (de décembre 2005 à février 2006, voir la figure 1) a été relativement frais. Le fait n'aurait pas mérité d'être signalé s’il n’avait pas fallu remonter à 1997 pour retrouver également un hiver avec une température moyenne inférieure à la normale saisonnière. Du point de vue des précipitations, le mois de janvier a été marqué par un déficit important des quantités d'eau recueillie et de la fréquence des précipitations. La durée d'ensoleillement de l'hiver fut normale malgré un déficit record de l'ensoleillement en février : on a seulement enregistré ce mois-là 29 h 55 min de soleil (norm.: 73 h). Le précédent record datait de 1923 avec 35 h de soleil.
Le printemps (de mars à mai, voir la figure 2) fut relativement sec et sombre. Les conditions hivernales que l'on avait connu à la fin de l'hiver se sont prolongées jusqu'au début de la troisième décade de mars. Dans l'ensemble, le printemps a été anormalement déficitaire en précipitations. Seul le mois de mai a été bien arrosé et les pluies se sont produites principalement au cours de la deuxième moitié du mois. La période fin mars-début avril a connu aussi un épisode relativement pluvieux. Avec 391 heures de soleil (norm.: 477 h), l'insolation fut également anormalement déficitaire avec une durée presque équivalente à celle du printemps 2005 (394 h).
L'été (de juin à août, voir la figure 3) fut caractérisé par un excès « exceptionnel » de la température. Cet excès fut particulièrement marqué durant le mois de juillet où, entre le 10 et le 30, on a connu une vague de chaleur de 21 jours (une vague de chaleur est définie climatologiquement comme une période d’au moins cinq jours consécutifs avec des maxima égaux ou supérieurs à 25°C et dont au moins trois de ceux-ci sont au moins égaux à 30°C). Avec une température moyenne de 23,0°C, le mois de juillet 2006 bat le record du mois le plus chaud jamais observé à Bruxelles-Uccle depuis le début des relevés en 1833 (le précédent record datait du mois d’août 1997, avec 21,2°C). Une autre vague de chaleur, moins longue, s'était déjà produite du 9 au 13 juin. Le mois de juin a été très anormalement chaud, ce qui explique l'excès exceptionnel de la température estivale, malgré un mois d'août normal du point de vue de ce paramètre.
La quantité totale de précipitations sur l’été a été légèrement supérieure à la normale, même si le nombre de jours avec précipitations a été anormalement faible. C'est le mois d'août qui a enregistré la plus grande partie des précipitations estivales. Avec 202,3 mm (norm.: 74,4 mm), le total des précipitations de ce mois à Uccle n'est devancé que par celui du mois d'août 1996, lorsque la quantité d'eau avait atteint 231,2 mm.
Du point de vue de l’insolation, le mois de juillet fut particulièrement ensoleillé, avec une durée d'ensoleillement de 308 h 40 min (norm.: 195 h) ; cette valeur se situe en deuxième position parmi les mois de juillet les plus ensoleillés, le record ayant été observé en 1959, avec 314 h 35 min. Le mois d’août a connu ensuite un déficit record d’ensoleillement, avec seulement 94 h 30 min de soleil (norm.: 188 h).
L’été restera dans les mémoires du fait du contraste très marqué entre les mois de juillet et d’août. Le temps très chaud durant tout le mois de juillet fut remplacé dès le début août par des températures plus fraîches, relativement normales pour la saison. La différence des températures moyennes des deux mois atteint la valeur remarquable de 6,7°C. De même, le temps généralement sec et ensoleillé en juillet fut remplacé en août par un temps sombre et pluvieux. Entre les deux mois, les différences de quantités de précipitations et de durées d’ensoleillement sont spectaculaires, atteignant respectivement 154 mm et 214 h de soleil.
L'automne (de septembre à novembre, voir la figure 4) fut très exceptionnellement doux, avec une température moyenne de 13,9°C (norm.: 10,4°C), ce qui est un nouveau record. L'excès par rapport à l’ancien record, qui datait de l'année 2005, est particulièrement impressionnant, puisqu’il atteint 1,6°C. Selon les paramètres statistiques de la série des températures moyennes à Bruxelles-Uccle, un tel événement doit se produire en moyenne moins d’une fois tous les 500 ans (en faisant l’hypothèse d’un climat stable).
L’examen des températures mensuelles explique ce record spectaculaire. Tout d’abord, le mois de septembre fut le mois le plus chaud depuis le début des relevés à Bruxelles-Uccle en 1833. La température moyenne atteignit 18,4°C (norm.: 14,6°C), le précédent record datant de 1949 et 1999, avec 17,7°C. Ensuite, la température moyenne du mois d’octobre fut encore remarquablement élevée, avec 14,2°C (norm.: 10,4°C) : elle se situe en deuxième position parmi les mois d'octobre les plus chauds, le record datant de 2001, avec 14,4°C. Enfin, le mois de novembre a enregistré une température moyenne de 9,1°C (norm.: 6,1°C), soit une quatrième place au palmarès des mois de novembre les plus chauds.
Pour les quantités de précipitations, le déficit exceptionnel observé à Uccle en septembre (9,2 mm, pour une normale de 69,8 mm) est à l'origine d'un déficit global des précipitations sur l’ensemble de la saison : 137,1 mm, pour une normale de 208,9 mm. L'insolation fut normale, avec un petit excès de 22 h.
Pour Uccle, les courbes en jaune sur les figures 5 à 8 donnent respectivement les valeurs mensuelles en 2006 de la température moyenne, de la durée d’ensoleillement, du total des précipitations et du nombre de jours de précipitations. Les figures reprennent également les valeurs mensuelles normales (courbes en rouge), ainsi que les valeurs mensuelles extrêmes observées à Bruxelles-Uccle depuis le début des mesures de chaque paramètre (1833 pour la température et les précipitations et 1887 pour la durée d’ensoleillement).
En conclusion, les nombreuses périodes plus chaudes que les normales observées à Uccle dans la seconde partie de l’année ont conduit l’année 2006 à battre le record annuel de température depuis le début des relevés à Bruxelles-Uccle en 1833. La température moyenne annuelle atteint 11,4°C (norm.: 9,7°C), contre 11,3°C pour le précédent record établi en 1989. En revanche, les précipitations, avec un total annuel de 835,0 mm (norm.: 804,8 mm), et l’insolation, avec une durée d’ensoleillement annuelle de 1555,8 h (norm.: 1554 h), sont normales.